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mercredi 16 novembre 2016

Leçon de Noir...par Toth

 Je termine ce livre, et c'est un plaisir incroyable. J'ignore s'il en existe une vf, mais cette vo compile toutes les histoires courtes dessinées et écrites ET dessinées par le génial Alex Toth pour les magazines (Warren) Creepy et Eerie. Il était alors, selon moi, au top de son niveau. Toutes ces histoires sont des leçons de "less is more". Tout ce qu'il faut, mais juste ce qu'il faut. Des ambiances, des ressentis... créés par une manipulation habile de l’œil du lecteur. Cacher et montrer en même temps. Du très grand art
Pas mal d'histoires sont scénarisées par l'un des meilleurs de l'époque, Archie Goodwin
 Toth s'amuse avec son style, joue des contrastes, des lignes fines contre des masses... Il confine parfois à l'abstraction, sans réellement y tomber
 Sur quelques unes des histoires il n'est "que" encreur, mais son encrage est si important qu'il ne reste quasi que lui de visible à la fin. Le duo qui m'a plus convaincu est celui qu'il forma, le temps d'une seule histoire, avec Carmine Infantino (je lis un gros pavé sur cet artiste, il faudra que j'en parle). L'une des influences de Infantino était Caniff. Toth est de la même école, et au final la combo se rapproche encore plus du célèbre auteur de strips (cf 2nde planche)
 
 Sur certains récits il est également scénariste. Ce ne sont pas forcément les meilleures histoires, mais au moins ce sont les plus personnelles
Je ne sais plus du tout d'où viennent ces images ni qui posent les questions, mais les commentaires de Toth sont très intéressants
 
 Toth regrette (euphémisme) que la prod interne ait décidé, sans son accord, de transformer certains textes/récitatif blancs, en fonds noirs
 
 Sur ces deux cases le fond noir est mal pensé en effet
 
 Une première image très Mignolienne, et une seconde qui me plait moins pour cause de photo incrustée (le gars sur la lettre demande si c'est bien une photo!?)
 
 
 La page dont fut tirée la couv du livre. Magnifique travail, malgré le saccage des encadrés blancs devenus noirs
Amusant de voir que sur le récit ci dessus les textes sont très/trop nombreux, ce que reconnait  et regrette 
 Toth...
 
 ...alors qu'il a toute sa vie cherché à montrer qu'il faut éliminer, épurer, au maximum. Et sur ce courrier il évoque ce précepte également pour le scénario (avec une génial anecdote sur Twain en passant) Il ne l'appliquait pas toujours pour ses écrits (mais les récits évoqués sont antérieurs à cette lettre)
 Pour terminer, une note plus "people". Il semblerait que sa jeune éditrice, sur la majorité de ces histoires, ne le laissait pas indifférent. Une certaine Louise Jones, qui deviendra la scénariste Louis Simonson (avec un côté Chantal Goya Trash sur cette photo!). Il s'est inspiré d'elle pour l'une des héroïnes, et l'un des personnages masculins ressemble...à Alex Toth (désolé, je n'ai pas la source de ce document qui "traine" sur mon ordi)

9 commentaires:

Laurent Lefeuvre a dit…

Aucun commentaire sur ce post ?

parmi les plus riches ?

La difficulté à traduire les propos de Toth doivent y être pour quelque chose : C'est compliqué de bien comprendre (pour moi en tout cas).

On a envie d'un sous-titrage.

Sinon, c'est amusant de voir un gars, sans doute le plus "bavard" et "commentateur" (et je m'y connais !) se payer la tête de ceux qui en font des caisses, des tonnes, qui mettent trop de traits et de textes !

Mais d'accord avec lui que c'est plus marrant de soustraire, que d'ajouter. Même si c'est sans doute BIEEEEEEEN plus long !

Mais là où je ne vous suis pas (Alex et toi), c'est que les encadrés noirs ont leur sens :Ils conservent le blanc d'une source lumineuse, sa prééminence sur tout le reste. C'est pour ça (au-delà du simple plaisir graphique) que j'encadre systématiquement mes séquences de nuit, soit d'un cadre noir, soit de couleur en fond perdu. Seules mes séquences de jours ont un cadre et des gouttières blanches.

Dans la planche avec la case qui a servi à composer la couverture, je trouve plus efficace que ce soit donc la lampe tenue par l'enfant qui soit l'élément le plus BLANC de la case. Ça l'expose au regard (il est VU mais ne voit PAS), et accentue sa vulnérabilité, et donc la peur.

Question de point de vue...

Cheers !

Philippe Cordier a dit…

"Alex et toi"!!?, Purée la classe!! :)
je comprends ton point de vue mais tes encadrés noirs à toi se voient mieux. ici ils sont, pour moi, trop "fondus" dans le décors; Un bon mix entre ce "fondu excessif" et ton approche de la source lumineuse serait peut être de garder le noir mais avec un petit trait blanc délimitant le cadre?

Sinon tu as peut être raison sur l'absence de commentaires liés ou non aux textes un peu ardus de Toth. je remarque en tout cas que les entrées avec le moins de commentaires ne sont pas les moins vues, loin de là
On a eu l'occasion de me dire que untel ou untel ne commentait pas ce genre d’entrées car ne sentant pas légitime sur cet aspect technique; C'est dommage car tout passionné est légitime, et tout débat est intéressant (bon ok si c'est pour dire "tu as raison" ou "tu te trompes", sans plus de précisions là ok, moins d'intérêt :)

Laurent Lefeuvre a dit…

Tu as raison.

Zaïtchick a dit…

Très drôle l'anecdote de Twain : c'est vrai que c'est plus long de faire court, parfois.

Philippe Cordier a dit…

je pense que si c'est fait avec talent c'est forcément plus long de réflechir au bon trait oui, que de cacher la misère avec une profusion de traits inutile

Anonyme a dit…

J'ajoute un petit post pour tous ceux qui serait amateurs des commentaires à rallonges bien connus d'Alex Toth, pour vous faire part d'une découverte qui m'a bien fait marrer il y a peu.

Je ne connaissais pas cette anecdote là, un sacré bestiau de cas...

Steve Rude avait demandé au début de sa carrière, des conseils à Alex Toth, alors qu'il travaillait sur un boulot probablement alimentaire, Jonny Quest.

C'est ici :

http://pangolinbasement.blogspot.com/2014/09/toth-on-steve-rudes-works-1986.html
(à lire en premier, car c'est du pur Toth :-) dans le style et dans le ton))

http://illdave.com/comicbooks/history/toth-critiques-rude.htm
(l'analyse de Rude avec le recul des ans)

Dès le début, c'est grandiose :
"
Splash: I won't mince words! You're too good to be so bad! Right up front! Your 'Quest' splash is fake everything! From palm tree, camel (!?), tarp, supplies, 'copter, shack, pumps, incidental props! Terrain, etc. You could have researched the lot (since it was your story's setting) via photobooks, mags, like National Geographic, etc., etc., and your library or bookshop! The fakery's so obvious, in the most important splash, that it detracts from what follows — you cripple credibility at the start (yours! And the story's!) by sloughing off the setting and integrity of your depiction of it. Christ, man, you weren't asked to depict another planet! Just (what I assume to be) North Africa or the Middle East — (I can't read your copy!) — So why didn't you document the locale?! Authenticate it?! Or, fake it, one helluvalot better!"

LOL

...et jusqu'à la fin...

Bonne lecture !

Philippe Cordier a dit…

je ne sais pas si j'ai fait, dans le temps, une entrée sur cette anecdote mais je m'en souviens très bien
Du grand grand Toth le bourru

Anonyme a dit…

Je ne l'ai pas trouvée sur ton blog, car sinon, je ne me serais pas permis.

Ca, par contre, je ne sais pas si tu connais : c'est une réaction plus récente à cette histoire, que je trouve très émouvante et intéressante, c'est celle de Paul Pope, artiste dont je n'apprécie pas le style, mais dont je reconnais le talent :

https://pulphope.blogspot.com/2017/03/alex-toth.html

Tellement juste, je trouve.

Philippe Cordier a dit…

Super intéressant ça, et si vrai

Comme toi je ne suis pas du tout client de Pope dont je reconnais le grand talent