Howard Chaykin est un sacré personnage!
Érudit, roublard, connaisseur, provocateur...
Pas forcément un très bon dessinateur, parfois même mauvais (techniquement) par moment on hallucine à la vision de ces collages sur ordi dignes de débutants, et au détour d'une page, d'une case, il surprend, flatte l'oeil...
Je ne prends pas tout de lui, mais je replonge régulièrement.
J'ai pris ce tpb qui compile les premiers numéros de ce qui est, pour moi, son meilleur boulot depuis un bon moment
Chaking attaque au présent, avec une projection de film adapté de comics, et un riche col blanc de l'édition bd, qui fait l’aumône à un pauvre gars qui s'avère être le co créateur du personne projeté
On sait qu'avec Chaykin nous n'aurons pas droit au très beau, mais très propre livre expliquant la vie de Siegel et Shuster, et on n'est pas déçus
Chaykin a l'ambition d'évoquer, de près ou de loin, toute l'industrie du comics, depuis plus de 70 ans. Sacré challenge.
Il invente trois auteurs, que l'on va suivre, entre Verve/Yankee Comics (Marvel/DC), tout au long de leur vie
Des auteurs débutants, puis pro, enthousiastes, déçus, aigris, qui vivent, qui meurent...
Dans cette scène ils ne partagent pas l'enthousiaste de certains auteurs à voir leurs créatures sur grand écran
En dehors des 3 protagonistes montrés, Chaykin invente absolument tous les noms.
Au début on se dit que c'est dommage car il sait visiblement de quoi il parle et à l'évidence tous les perso sont connus, sous d’autres noms, ou sont des mix probables de différentes personnes.
Puis on réalise que certains (très peu certes) sont encore vivants et que de toutes façons ne pas les nommer permet d'aller plus loin dans ce que d'aucun estimeraient flirter avec la diffamation (cf la fin de cette entrée)
Qui ne connait que peu les coulisses du comics biz aura une histoire à la Chaykin, c'est à dire pas forcément évidente à suivre, pleine d'aller retour dans le temps, de protagonistes...mais très intéressante. Et ceux qui ont un peu creusé le sujet reconnaitront, ou croiront reconnaitre, untel ou untel.
Certains interrogent, mais d'autres sont évidents, comme Lee et Kirby
Stan Lee que l'on retrouve en orateur/vrp de luxe
Des auteurs qui cachetonnent, ou tentent de travailler pour les deux maisons en parallèle et en secret (un deal tacite empêchait chacun des deux gros éditeurs de piquer les talents de l'autre)
Entres autres nombreuses histoires dans l'histoire, on a le tristement célèbre Docteur Wertham
Ce premier volume se lit donc autant comme un soap bien écrit, que comme un pamphlet sur les coulisses du monde des comics
Chaykin se permet de mettre en avant des "rumeurs très insistantes", comme ces deux là, concernant le même artiste. Je le cite car c'est assez notoire et j'en ai eu des échos poussés :
Gil Kane était un "homme à femmes"...
à la réputation de "voler" des planches originales chez l'éditeur. On m'a déjà parlé de cette anecdote d'un editor lui demandant, diplomatiquement, de rendre la planche qu'il venait de prendre, car elle n'était pas encore partie à l'impression!
C'est là l'écume d'un livre plus profond, plus instructif
Chaykin est un "cynique réaliste" dont j'aime assez la vision
Il nous rappelle incidemment que les comics étaient faits par des adultes pour des enfants. Un fondamental oublié depuis que les "adultes" aux commandes sont soit d’anciens fans, soit des gars qui ne cherchent que l’adaptation cinoche, et les "enfants" sont aujourd'hui des adultes.
Chaykin est un "cynique réaliste" dont j'aime assez la vision
Il nous rappelle incidemment que les comics étaient faits par des adultes pour des enfants. Un fondamental oublié depuis que les "adultes" aux commandes sont soit d’anciens fans, soit des gars qui ne cherchent que l’adaptation cinoche, et les "enfants" sont aujourd'hui des adultes.
J’imagine qu'un éditeur s'occupera de la vf
Je sais que je poursuivrai les compil us si d'autres volumes arrivent
ps : quelques jours après la programmation de cette entrée sortait une passionnante itw de Chaykin, sans langue de bois pour le moins
ici
Tout est dit
ps : quelques jours après la programmation de cette entrée sortait une passionnante itw de Chaykin, sans langue de bois pour le moins
ici
Tout est dit
11 commentaires:
amen!
j'espère que l'aspect "polémique", même si c'est la mauvaise raison, poussera l'un ou l'autre éditeur à proposer une vf
Mais égoïstement s'il continue et fait un tpb 2 us ca me ravira déjà
Série après série, Howard Chaykin est un de mes auteurs préférés, y compris pour sa mise en page, et ses personnages à la gueule pas toujours avenante. Son cynisme a l'avantage de ne pas être nihiliste, et de proposer un regard critique sur tout le monde, à commencer par le personnage principal.
Merci pour la précision concernant Gil Kne, car je ne la connaissais pas.
on est limite Closer mais bon, pour une fois...
ça donne envie.
Par contre, on m'a passé hier la biographie de Stan Lee en comics par Peter David (et Stan Lee) : une catastrophe industrielle.
J'ai rarement vu un truc aussi peu inspiré, mal dessiné.
C'est quasiment une leçon de tout ce qu'il ne faut pas faire en BD : narration nullissime, dessin d'une laideur quasi inédite (on est dans un tue-l'amour complet).
Des contours épais, des cadrages choisis sur le modèle "comment en faire le moins possible au monde", des intégrations hideuses de décors trouvés sur Google, etc.
Évidemment, que chacun se fasse son avis, mais si jamais vous seriez (comme je l'étais, avant d'emprunter le bouquin hier soir) tenté d'acheter le truc, je ne saurai trop vous conseiller de lire quelques pages avant : il y a des chances que vous choisirez de faire des économies... en attendant le Chaykin en France.
Quant au fond (l'histoire -!-) c'est d'un inintéressant abyssal.
En fait, c'est un cas d'école, ce truc.
Je ne comprends pas comment Peter David a pu échouer là-dedans, et à ce point ?
D'autres l'ont lu (si c'est possible d'aller au bout)?
je suis rassuré, je cupabilisais presque d'avoir reposé le machin pour ces raisons
Attiré par le thème et, surtout Peter David, l'horreur de la chose m'a quasi subjugué, avant de reprendre mes esprits et de passer mon chemin
Dommage pour le cas où David fasse un bon boulot mais trop c'est trop
Ah, enfin, l'entrée sur Howard Chaykin.
Bon, ben voilà un comic qu'il va falloir que j'achètes...
Ce qui m'éclates avec Chaykin, c'est que j'ai toujours l'impression de le croiser dans l'autre sens...
Voilà un gars qui s'était barré du monde du comic au moment où je le découvrais et où je m'intéressais de plus en plus à son cas... Au début des années 90, il remuait en effet grave : le controversé "Twilight" avec José Luis García-López, la maginifique adaptation de "Fafhrd and the Gray Mouser" avec Mignola, ou le très beau "Ironwolf : Fires of the Revolution" avec le même. Et d'un seul coup, et blam, il se barre vers la télé ("Flash") et on ne le revoit plus... Pas moyen de mettre la main sur "American Flagg!" à l'époque, ne m'intéressant pas au Shadow à l'époque, je m'étais donc contenté de lire un peu (et d'arrêter très vite) le triste et glauque "Black Kiss" (je peux en parler en connaissance de cause : je lisais régulièrement "Omaha the cat dancer" à l'époque, qui lui, était un titre souvent plus joyeux !)
Lorsqu'il réapparut régulièrement il y a 10 ans au scénar ET aux dessins, j'ai acheté, content au début, plusieurs de ses MS (comme "City of Tomorrow"). J'ai été progressivement déçu par son come-back, jusqu'à me dire qu'il pouvait plus pondre grand chose de bien (la seule chose qui m'avait marqué, c'est une histoire sérialisée dans DHP V2 qui répondait tout à fait à la description que tu fais de ses récits : très intéressant et difficile à lire). Alors que je l'avais totalement mis de côté, voilà que je suis convaincu maintenant qu'il faut que lise "Hey Kids! Comics!" !!!
Grâce à l'interview que tu mentionnes, je découvres que Chaykin est donc revenu au comic-book une fois ses moyens totalement assurés par ailleurs (son exil à Hollywood).
Ce gars est un vrai paradoxe : il a fini par sortir du comic-book car trop borderline pendant trop longtemps au point de ne plus pouvoir manger et, maintenant, à l'âge où certains s'arrêtent, on continue de le voir enchaîner régulièrement projets (où il dessine également) sur projets, alors qu'il n'a plus de besoin de faire du comic-book pour manger !!!
Décidemment, Chaykin et moi, on n'arrête pas de croiser... :-)
Pour revenir sur ton entrée, concernant le cas Gil Kane, juste sur le sujet des planches : effectivement, je comprends ta réticence à évoquer le sujet. On touche du doigt des
choses que les amateurs n'ont pas trop envie d'évoquer, surement parce que par ailleurs, lui-aussi était une sommité des comic-books à l'époque des faits et qu'il a lui-aussi signé des planches qui ont compté dans l’histoire des comics.
Le plus terrible à mon avis, c’est qu’il a été évoqué par plusieurs sources que ses larcins alimentaient probablement un professionnel qui revendait les planches, et ce, dès une époque où ce genre d'intervenant n’était pas aussi répandu qu'aujourd'hui et que la quantité des transactions concernant des planches était probablement marginale.
Avant, j'étais tenté de lui pardonner parce que :
- c’était une époque où la situation des originaux n'était pas claire dans les maisons d'édition, même si Carmine Infantino, juste pour parler du cas DC, ne coupait probablement pas du saucisson sur les originaux, pour paraphraser Yvan Delporte (enfin, du moins, j’espère...). Et il y avait aussi toutes ces planches qu'on donnait en cadeau...
- moi-aussi, j’aurais sûrement été tenté de rapporter en 1972 à la maison quelques Wrightson sur les Houses of Mystery/Secret ou Swamp Thing, gisant abandonnées dans un recoin poussiéreux du bureau d'un éditor, et à l’avenir peut-être incertain, histoire de les préserver bien à l’abri dans un classeur à l’abri de cette poussière, de l’humidité et des rayons du soleil pour les décennies à venir...
... mais comme je connais maintenant le chemin probable que prenaient toutes ces planches, l’amateur que je suis ne peut lui trouver aujourd'hui d’excuses...
Pas bien fameux sur le plan humain, mais cela n'enlève rien à sa propre carrière.
Déjà 3 numéros en main grâce aux back-issues de mon comic-shop.
Ma pile de lecture pour le week-end prochain a grossi.
Merci à toi !
Si je ne suis plus le boulot de Chaykin depuis un moment (collage photoshop, couleurs à décoller la rétine, dialogues de porno des années 80), je dois reconnaitre qu'il fut un de mes auteurs préféré... Et si il a toujours assumé de grosses lacunes en dessin (il a lui même honte de certaines planches), certains boulots sont assez bluffant graphiquement ! American Flagg par exemple, il faut mater les originaux pour se rendre compte à quel point il arrive à faire passez ses faiblesses pour un style, grâce à son usage du DuoShade; et ses persos sont toujours très bien "campés" et stylés (les nanas en lingerie, les mecs costume en 3 pièces) !
Il faut aussi regarder du côté de ses travaux peints (The Stars My Destination, Time²) pour se rendre compte que quand il veut, il sait innover pour composer ses planches.
Merci de nous faire (re)découvrir Chaykin, je lirai avec curiosité cette satire de l'industrie. En espérant être moins déçu qu'avec "Satellite Sam" qui devait signer le retour du vrai Howie et qui m'est tombé littéralement des mains...
Une horreur autant du point de vue histoire (pas de lui quand même, faut préciser) que des dessins qui rendent, en n et b, quasi impossible de reconnaitre les protagonistes les uns des autres
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