C'est parti, nous voici entrés dans les quelques jours pendant lesquels des milliers de fans se ruent dans les stands pour une signature/dessin. Et surtout des jours pendant lesquels la presse et les médias généralistes (re)découvrent que la BD existe. Ca fait belle lurette que je n'ai pas mis les pieds dans ces bulles d'Angoulême, et déjà quand j'y allais les derniers temps seuls les espaces "small press" et ,surtout, les expo m'intéressaient. Cette année je regrette surtout une chose que je ne verrai pas : l'expo Bill Watterson/ Calvin et Hobbes
Pour ceux qui, comme moi, aimeraient en voir un p'tit bout, il y a le catalogue de l'expo
Je n'avais pas vu ce livre et j'ai donc acheté sa vf (Ed Hors Collection)
Il y a une longue, récente et forcement très rare itw de Watterson; L'intérêt vient surtout du fait que les planches sont reproduites en niveau de gris, pour s'approcher un peu de ce que les visiteurs voient face aux originaux de l'expo. Un régal, même s'il est dommage que les textes soient en vf, mais j'ai bien peur que ce ne soit là le propre d'une ...vf (et ils ont du bosser pour coller les textes traduits dans les bulles, sans toucher au niveau de gris du reste de l'image)
Il y a des thèmes (les saisons, les strips du dimanches, le casting...), les influences de l'auteur... Intéressant et magnifiquement beau
La toute dernière image dessinée par Watterson, il y a maintenant quasi 20 ans
Sur le blog/tribune que le Monde offre à Zep il a fait ce très chouette strip
Pour conclure sur le festival, voici les prétendants officiels au grand prix, vus par François Boucq : Hermann, Otomo ou Moore
Le grand gagnant est... le papa d'Akira
11 commentaires:
C'est sûr que si j'avais pu me déplacer, j'aurai adoré voir cette expo sur Bill Watterson. Je vais chercher cet ouvrage que tu cites ("A la recherche de Calvin et Hobbes")dont j'ignorai l'existence. Merci pour l'info.
Pour le gagnant du Grand Prix, je connais très peu Otomo, ce n'est pas ma culture, mais je sais qu'il fait partie de cette caste à part des "artist'artists", et beaucoup d'artistes que je respecte le considère comme un grand, donc je m'incline.
J'aurai quand même aimé que Moore soit honoré, même s'il avait savoir que de toute manière il déclinerait cet honneur (comme tous ceux qu'on lui décerne).
On va voir quel prix distinguera qui/quoi. Mais bon, ça fait un moment que Angoulême ne me fait plus rêver ni ne guide mes choix de lecture. Pour moi, ça ressemble trop à une grande foire de la BD.
Ce qui demeure vrai (et accablant) c'est comme tu le relèves, l'attitude des médias généralistes qui, en effet, chaque année "redécouvre" la BD. Ce qui n'empêche pas des comportements consternants (pas une émission "littéraire" ne fait un plateau avec des auteurs de BD -ou alors juste des "bons clients" genre Geluck, Zep - , les chroniqueurs culturels font des raccourcis affligeants (Marie Colmant sur iTélé qui résume Moore comme celui qui a "introduit un style littéraire flamboyant dans les comics"...).
Pendant ce temps, on accorde des reportages et des interviews interminables à Houellebecq...
C'est pas demain la veille que la BD sera considérée comme un art à part entière, c'est sûr.
c'est vrai mais en même temps il y a ce côté que Laurent lefeuvre appellerait les "happy few" (même si de moins en moins few) qui ne me déplait pas. Comme disait Miller "la BD/comics est considérée comme une sous culture donc on nous laisse tranquille"
Il y a une certaine reconnaissance mais elle ne vient pas, pour moi, d'Angoulême
Mais pour revenir sur ce festival le fait que Moore ou Hermann aient tjs dit qu'ils refuseraient de venir (voir même qu'ils refuseraient le prix) a du jouer
Otomo moi j'ai aimé la claque que fut Akira en kiosque/ Glenat format souple à sa sortie, puis je me suis lassé
Mais c'est un grand
De Otomo, il y a "Domu" qui est magistral. Une maîtrise absolue des cadrages, du découpage. Certaines cases m'ont marqué alors que leur contenu est basique mais les angles et les enchaînements les rendent ultra - efficaces.
Domu est très bon, mais Akira est un chef d'oeuvre du septième art. Tout y est réussi : le trait, le cadrage, le storytelling, les personnages, le message social, l'anticipation, l'action, la science / métaphysique... c'est une oeuvre unique, qui reste encore aujourd'hui unique. Il faut absolument lire Akira. peu d'oeuvres ont ce niveau de réussite absolue. Enfin bref, j'adore et c'est une très bonne chose de récompenser ce grand artiste qu'est otomo. et qui a été, je crois, dévoré par son propre talent.
oui je sais que tout cela est vrai pour Akira et c'est l'impression que j'ai eu, mais je ne sais pas pourquoi mais je me suis vite lassé et je crois même que je n'ai pas lu la fin Oops
Domu c'est pire car je me souviens avoir jeté un œil et n'avoir que parcourir sans avoir le courage de le prendre/lire
Je crois qu'au fond le trait était trop froid pour moi, me semblant (peut être à tort) relever plus d'un travail purement studio que d'une âme humaine
Pour moi, une des causes de ce décalage entre ce que nous (fans) vivons et vibrons en lisant de la BD, et le décalage avec ceux qui la chroniquent, explique en bonne partie que le public se contente de chroniques molles.
En fait, ll me semble que peu de lecteurs eux-mêmes parlent bien de BD, dans le sens de donner VRAIMENT envie !
Je ne vois guère que Jean-Pierre Dionnet, capable de lyrisme et de me convaincre de lire n'importe quoi, comme par ailleurs Jean-Baptiste Thoret, François Angelier, ou parfois l'équipe du Masque et la Plume peuvent faire avec le cinéma.
Parce qu'ils ont ce don de nous faire envisager une oeuvre par leurs yeux : Don rare qui mêle enthousiasme, sincérité, et rhétorique.
Il est rare de voir quelqu'un qui va savoir quels mots choisir et quelles références (externes ou pas au genre) convoquer à la barre, pour me faire vibrer hors de mes habitudes (étroites) de lecteur.
Phil, il me semble que cette froideur que tu pointes est volontaire chez Otomo : Loin d'une projection esthétique gratuite, c'est pour moi sa manière de montrer la froideur déshumanisée de ces villes modernes. Sans passer par des effets faciles (des gens qui font la gueule, des tags partout, de la fumée de pollution, comme dans tellement d'albums), Otomo ne rate aucune fenêtre. Aucune perspective. Aucun balcon ni aucune minuscule balançoire de square entre deux géants de béton haut de 50 étages.
Du coup, il nous renvoie à des horreurs familières que nous sommes beaucoup à connaître au quotidien, alors que nous n'y faisons plus attention, habitués que nous sommes à l'enfer de l'empilement humain.
Comme s'il avait la délicatesse par ces dessins clean, froids, droits, de nous montrer la vérité en nous laissant la possibilité de croire que cet horreur là... n'a rien d'horrible !
A mi-chemin entre la vision niaise de Taniguchi, et l'horreur de Brazil (d'ailleurs le héros lobotomisé de ce film finira sa vie dans l'illusion qu'il est un héros).
C'est très évident (il me semble) dans Domu. L'irruption de la magie n'est pourtant pas la bouée de survie... mais le vecteur du drame (des meutres aussi horribles qu'inexplicables).
Chez Akira, les immeubles lentement détruits au fils des tomes voient émerger des figures humaines triomphantes, là où elles étaient écrasées du temps du règne de l'urbanisme (Kanéda et ses potes, inadaptés au début de l'histoire, et qui deviennent des icônes de ce futur post-apo).
Il me semble que jamais Akira n'a été aussi pertinent (malheureusement) : En ces temps où le monde semble toucher à sa fin (pollution, épuisement des ressources, océans ravagés, etc...), une histoire avec des héros qui vont au devant de leur destin en fonçant sur des motos vrombissantes (opposés à ceux qui ne veulent rien voir et se persuadent que tout ira bien si on se bouche les écoutilles) est on ne peut plus moderne !
A ce titre, et Alan Moore (V pour Vendetta), ET Hermann (pour son Jeremiah) ne nous disent rien d'autre que la même chose depuis 30 ans !
Quant à Akira... espérons que Marie Colmant y verra autre chose qu'un objet pop-culte Nippon des 80's...
Tu as raison sur les critiques/chroniques. Le débat est passionnant mais trèèèès long
En tout cas ce genre de commentaire éclairé et pertinent enrichi la chose
Pour Akira je ne doute pas de l'aspect complètement volontaire, mais il m'a vite lassé avec cet aspect clinique. Tu as probablement raison sur le fond (belle image bien que bien noire d'ailleurs)mais la forme m'a laissé à la porte au bout de quelques volumes. De la même façon que je suis refroidi par le trait de studio de Hergé j'ai été un peu (mais moins) glacé par celui d'Otomo. J'aime sentir le gars derrière sa planche, avec ses tripes, et là les tripes étaient dans le fond, probablement, mais la forme était pour moi presque..."aseptisée". C'est un peu ce qui m' a clairement fait basculer vers Miller entre lui et Moore (tripes conter intellect)
Maintenant il faudrait, dans l'idéal, que je relise Akira, et si possible en noir et blanc
Idem que toi : Clairement plus Miller que Moore (sans rien enlever au génie), pour l'aspect viscéral.
Je suis trop immature.
Pour le reste... je préfèrerais sans doute causer politique avec le second !
L'immaturité reconnue et sublimée est un art. Et je crois qu'il vaut mieux parler à Moore quel que soit le sujet (je ne parlerais avec plaisir avec Miller que de BD)
Tu regrettes de ne pas avoir vu l'expo Bill Watterson/ Calvin et Hobbes d'Angoulême?Voilà de quoi te consoler(un peu).http://theartofbillwatterson.tumblr.com/
Magnifique
Merci pour ce lien
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