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lundi 27 janvier 2020

Savoir lettrer

Le nom de cette entrée n'est pas le dernier titre de Florent Pagny, mais la suite d’une entrée du mois dernier à l'occasion de laquelle j'évoquais le lettreur Patrick Brosseau (à ne pas confondre avec le "rigolo" du sud)
Laurent (Lefeuvre) a mis, en commentaire, le lien vers des tuto de Brosseau, ultra intéressants
c'est
En voici mon résumé/teasing
Pat Brosseau montre le genre d'exemples qui étaient donnés à des apprentis lettreurs chez Marvel, il y a quelques décennies, sur des titres maison.
Superbes
 Je considère que si bien des dessinateurs français sont de très bons lettreurs manuels sur leur planches, c'est malgré tout un art qui disparait,et ce sont les américains qui ont plusieurs longueurs d'avance en matière de maitrise du lettrage digital
Brosseau expose ici du digital, et du manuel. En bas il a son lettreur manuel et à côté digital, basé sur sa police manuelle
Ca se fait aussi en nos contrées (la police du meilleur lettreur français, Remy Bordelet fut d'ailleurs conservée ainsi grâce, il me semble, à Thierry Mornet)
 Brosseau explique la subtilité d'un choix de typo, en fonction du type de dessin : doux/cassant...
John  Workman était réputé, entre autres, pour placer des textes au centre d'une bulle, avec beaucoup d'espace, surtout sur Simonson
D'autres devaient d'abord voir comment faire rentrer des textes longs (Tom Orzechowski n'est pas cité mais il est concerné bien sur, du fait de son travail avec Claremont)
 L'approche d'un titre change radicalement l'ambiance
 Idem pour le choix de traitement d'un texte off et de son cartouche
 J'apprends à l'occasion de cette entrée qu'il faut, idéalement, veiller à ce que l'épaisseur de la "queue du ballon" soit fonction de la hauteur d’une lettre
 Enfin, en dehors de ses tuto, Pat Brosseau a aussi mis ça en ligne : les tarifs sous l'ère Shooter, 1983!
Il a raison : ce qui est flippant et que même en tenant compte de l'inflation, il n' ont pas bien changés, selon les compagnies bien sur

15 commentaires:

Anonyme a dit…

Super article, et un bon timing pour parler des lettrages d'hier et d'aujourd'hui, puisqu'à ma connaissance mes grands anciens préférés (Workman, Klein, Orzechowski) sont toujours en activité à ce jour (Workman poursuit Ragnarök avec Simonson par exemple ; j'ai encore lu du Klein récemment sur la fin de "The League of Extraordinary Gentlemen" ; Orzechowski navigue entre Spawn et DC Comics). Tous ont su continuer à perdurer malgré la transformation des outils.

Après, au vu des tarifs que tu nous as déniché, dur probablement dans ces conditions de se mettre à la retraite... La base ajustée semble effectivement plus que plausible au vu de ce qu'on peut avoir comme infos de comparaison par ailleurs, et c'est pour le moins très flippant, en effet ! Aujourd'hui encore, dur d'être un artiste et donc, dans le cas présent, d'être un lettreur.
Par contre, sais-tu si un lettreur touche des droits en réimpression comme les autres artistes ?

Philippe Cordier a dit…

Bonne question, mais aucune idée.
Et c'est vrai qu'à ce jour les grands des années 80 sont encore bien actifs, adaptés et bons

Plumoc a dit…

Bien sûr que dans les comics on est en avance sur ce genre de "détail",puisque,oui ,le lettrage au sens large fait partie de la planche au même titre que tout le reste;mais souvent actuellement,mais dans le passé aussi pour être juste mais plus encore aujourd'hui,je trouve que les onomatopées jurent totalement avec l'ensemble,comme artificiellement plaquée et mal ajustée.Le numérique accentue ce ressenti.Cela concerne les comics mais aussi le franco-belge.

Ça me sort du récit.

Le beau lettrage manuel ,en parfaite osmose avec le dessin,surtout de la main même du dessinateur,tend à disparaître. J'en reviens à Chéret.


Couleur plus lettrage numérique,la BD s'aseptise où tout tend à se ressembler.Froidement.


De plus en plus l'odeur de l'encre se perd.

Je reviens de plus en plus à ces BD qui sentent l'encre.

Anonyme a dit…

Hi, hi !
On dirait que je ne suis plus tout seul évoquant l'odeur de l'encre d'autrefois, celles des presses du Michigan... :-)

Philippe Cordier a dit…

et je te suis
Sans parler de nostalgie la planche est clairement un tout et la moindre chose qui dénote me sort de l'histoire, c'est vraiment flagrant avec le lettrage informatique quand l'outil apparait et aussi avec certaines onomatopées en effet
des auteurs intègrent très bien une police manuelle digitalisée, donc c'est, une fois de plus, la main et le sens artistique qui importent plus que l'outil

JPP a dit…

Entièrement d'accord, le lettrage informatique me bloque, même s'il s'agit d'une police manuelle digitalisée, je vois tout de suite que les mêmes lettres ont exactement la même forme, c'est très frustrant, comme si la VO d'un film n'existait pas et que l'on n'ait que des versions doublées. Un sentiment que l'oeuvre est incomplète ou amputée. C'est très dérangeant.
A l'opposé, retour à DD, Born Again, où même les caractères des bulles de pensée d'Ulrich, en minuscules et ressemblant à des caractères d'imprimerie, étaient tracés à la main par Joe Rosen, idem dans Batman Y1, bulles de pensée en minuscules, types écriture manuelle pour Batman et caractère type imprimerie également pour Gordon, par Todd Klein.
Tiens, d'ailleurs, je crois que dans la VF "Vengeance Oblige", le lettrage était aussi fait à la main.
D'ailleurs ça gagne quoi les traducteurs et lettreurs français des comics ? Surement pas lourd pour les deuxièmes !

Philippe Cordier a dit…

à ma connaissance il doivent en effet aligner bien des pages pour en vivre
C'est probablement pour ça qu'il y a des studios qui proposent des package trad/lettrage, et qui le font plutôt bien (Makma/ Ed Touriol par exemple)

Plumoc a dit…

Anonyme, quand je parlais de l'odeur de l'encre,je pensais plutôt à celle de Chine,éventuellement à "l'indian ink ",pas celle du Michigan :-)) A-t-elle fait ses preuves un pinceau ou une plume trempée dedans ?


Hors outils utilisés, peut-être que tout simplement l'importance du lettrage n'est pas reconnue par tous de la même manière. Pour beaucoup c'est une corvée.

L'onomatopée même est souvent vue comme un symbole de puérilité ,qui amoindri la qualité de l'art.
C'est pas pour rien que pour complaire aux galeristes qui ont pas mal pris le pouvoir, quitte à mettre à mal l'unité de l'ensemble ,on ne met plus tout ce qui concerne le lettrage directement sur l'original.

Ça contrarie l'humeur de l'acheteur-spéculateur.Ces grands amateurs/connaisseurs de ce que la BD est,intrinsèquement.

Les hypothétiques traductions futures ont bon dos.

Plumoc a dit…

Tiens,un bon exemple de l'art de la BD et ses possibilités, avec,aussi, différentes interprétations du lettrage ,ou pas,suivant les sensibilités artistiques .
Un scenar d'une page de Kieron Gillen interprété par 40 artistes -200 sont sur la liste. https://mobile.twitter.com/cred_art

Philippe Cordier a dit…

Entièrement d'accord sur le mal fait par les galeries/spéculateurs
J'ai assez peu de planches originales mais avoir le texte dessus est un plus, pas un moins pour moi

Merci pour le lien, l’exercice est super intéressant, et montre que même avec un script il y a une marge de manoeuvre, même si ce serait encore plus éclatant avec un plot
Au milieu des amateurs, le rough de Declan Shalvey est bien cool

Anonyme a dit…

>J'ai assez peu de planches originales mais avoir le texte dessus est un plus, pas un moins pour moi

Très juste. Je suis dans le même cas. Les originaux post-2000 me semblent souvent "muets". Ils forment du coup une oeuvre différente de la version publiée. Certaines fois, c'est à leur avantage (j'ai une planche qui a gagné à être débarassé de son texte car la scène, devenue silencieuse, fonctionne extrèmement bien. Accessoirement, l'original N&B est aussi débarassé de couleurs atroces, mais ceci est une autre histoire), mais le plus souvent à leur détriment.
Les originaux d'avant 2000 sont du coup plus vivant et, en ce qui me concerne, je les privilégie. Il y a, de plus, le plaisir d'avoir aussi un lettrage signé Klein, Workman, etc... ;-)

Anonyme a dit…

>Anonyme, quand je parlais de l'odeur de l'encre,je pensais plutôt à celle de Chine,éventuellement à "l'indian ink ",pas celle du Michigan :-)) A-t-elle fait ses preuves un pinceau ou une plume trempée dedans ?

Je faisais un raccourci humoristique.
L'encre du Michigan, c'est celle de World Color and co, et des impressions d'autrefois. J'ai ouvert récemment un TPB du Sandman resté blisté depuis 25 ans. A sa manière, à l'ouverture, c'était comme ouvrir un vieux cognac, ça embaumait. Mais bon, passons... :-)

Plumoc a dit…

J'avais bien saisi le raccourci humoristique,ma réponse devait l'être moins,faut que je m'entraîne. :-)


Avec certains dessinateurs ou encreurs ont sent aussi l'odeur de l'encre -de Chine -on devine qu'il en utilisent des quantités astronomiques. Les artistes latins principalement. J'aime,de plus en plus.

Vinc a dit…

Je suis surpris de voir que finalement le "gagnant" dans l'histoire est le dessinateur... Je m'attendais plus à voir les scénaristes sortir leur épingle du jeu. Bon un scénariste peut produire plus, donc...
Pour ce qui est du côté traditionnel, je suis toujours étonné de voir que la bd y soit tant attaché. Bien des auteurs sont passés au numérique et dans ce cas le lettrage l'est fatalement aussi, mais le pourcentage me semble difficile à définir. Dans beaucoup de domaine des arts appliqués, la question ne se pose même pas. Tiens, d'ailleurs, qui fait encore ses couleurs avec des écolines ?
Bon, on est d'accord, on préfère l'odeur de l'encre, mais malheureusement il y a fort à parier que le futur donne raison à la Cintiq... restera les commissions.

Philippe Cordier a dit…

si j'ai une forme de "nostalgie de l'encre papier...elle reste marginale car je trouve que pas mal d'auteurs ont hyper bien intégré le numérique et les nouvelles techno

dans le dessin
parce que pour le lettrage ce n'est pas juste de la nostalgie, je trouve qu'assez peu arrivent à un rendu proche du manuel, et aussi bien intégré à la planche
même s'il y en a