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lundi 24 juin 2019

Le Vertige de Milligan

 Une entrée bien bien lourde en images pour marquer le coup de la disparition, programmée mais non surprenante, de la branche de comics que j'ai tellement aimé dans ma jeunesse.
Je ne remercierai jamais assez Karen Berger d'avoir, en 93, fait venir des tas d'anglais, mobilisé d'autres talents, et mis sur pied une section adulte chez DC, avec tellement d’œuvres marquantes
 Bien des comics d'avant le label aurait mérité d'y être, et aujourd'hui bien d'autres, chez Image surtout, pourrait y être, mais rien que la liste de ceux qui sont sous le label officiel donnent le tournis
Morceaux choisis
 
 
 
 
 
 
Et là ça se corse, car je vais mettre ici, en une seule image par titre, tout ce que mon scénariste favori a fait chez Vertigo.
Peter Milligan
Les deux seuls titres de lui que je n'ai pas eu l'occasion de lire
 
 Lu mais aucun souvenir
 Assez récent, mais pas bien aimé (ce qui est rare pour moi, chez Milligan hors Marvel)
 Pas un titre à lui mais amusante version
 Sympa
Aurait pu être excellent, sans le changement de dessinateur en cours de route
 Bien cool
 Moins barré que le Kid Eternity de Nocenti avec le même dessinateur, mais bon souvenir
 Petit format, noir et blanc, dessin étrange mais bon polar
Très bon run sur un perso qui ne m'attirait pas
 J'ai eu du mal avec Mckeever au début, mais leur duo détonna
 Excellent one shot sur la folie et la chirurgie esthétique, avec son complice surdoué Fegredo
Même duo qui me laissa moins de souvenir
 Les mêmes, sur leur chef 'œuvre, traitant à la fois de super héros, de maladie mentale, d’homosexualité...le tout mêlé, sans amalgame, et avec un ton en avance de 10 ans au moins
 Bien aimé la mini série, adoré la série continue
 Et LE comics de Milligan, qui a en plus révélé Chris Bachalo
Magistral série, inracontable, qui a fait monter Bachalo jusqu'au sommet avant qu'il ne me (se?) perde chez Marvel
 L'une des cases qui peut presque résumer une petite  partie de la sensibilité du titre
 Le Bachalo que j'aimais, reprend Constantine et Shade sur une illue
 Enfin, je termine avec un presque hors sujet puisque non Vertigo, mais pour la future nouvelle boite d’édition AWA créée par l'un des plus controversés des ex boss de Marvel. Non, pas Shooter, Bill Jemas, et un ex de Vertigo (puis de Marvel) Axel Alonso
Milligan bien sur, et un dessinateur que je ne connais pas, ACO

19 commentaires:

Anonyme a dit…

Phil, ton "en 93" me chagrine un peu, mais j'y reviens dès que j'ai un peu de temps ce midi pour m'exprimer et développer.

Sinon, merci d'avoir consacré cette entrée à Vertigo, car je crois qu'on est tous très tristes. Chacun d'entres nous lisant des titres "Mature readers" a un jour aimé au moins une série ou une mini-série de ce fabuleux imprint.

Philippe Cordier a dit…

Lionel je fais une supputation : Hollywood a besoin des super héros, pour l'instant, en tant que vivier, donc ils ferment les yeux sur les essais plus ou moins ratés de relances
Je pense qu'à part peut être un peu netflix, et encore, tout le monde se fout de Vertigo et de ses perso, en tant que matos de base pour une adaptation
+ l'époque est à un politiquement correct totalement incompatible avec bien des idées de Vertigo il me semble
Shade en vf je n'y crois pas puisque les tpb furent malheureusement arrêtés aux us

Quant à 1993 j'avoue ne pas avoir fait l'effort de ressortir mes comics, j'ai vu sur le net que c'était la date de création du label, mais bien des titres, comem dit, avaient déjà cette approche avant. Ce fut un moyen d'officialiser et de rassembler, en attirant le lecteur non habitué au super héros, à venir voir chez DC

Philippe Cordier a dit…

J'ai parlé de polémiques avec Alonso?
Nan, juste du controversé Bill Jemas

Anonyme a dit…

Pour le "93" : Phil, je suis désolé d'être le casse-pied de service ; je vais juste te donner un ressenti.

Ce n'est pas l'année qui me fait tiquer, mais juste la construction de ta phrase ("Je ne remercierai jamais assez [...] avec tellement d’œuvres marquantes") qui met très tôt cette année 93 en avant. A la lecture, un néophyte peut avoir l'impression que Vertigo a été construit à partir de 1993, suite au recrutement d’auteurs anglais, et développé les années qui suivirent.

C’est juste çà et je réagis là-dessus, car pour l'avoir vécu en direct à l'époque, mon ressenti est que la création du label Vertigo était plus un aboutissement en soit, en 1993, qu'un départ cette année-là.
Dit autrement, grâce à Karen Berger, Vertigo existait déjà, de fait, largement avant Vertigo.

Quand on prend une photo du DC des années 1987-1992 (le mieux, c'est en utilisant "Direct Currents", le flyer de l'époque, qui a connu d'autres incarnations depuis, et que mon comic shop de l'époque, par bonheur, recevait), on s'aperçoit qu'il y a un paquet de titres chelous bien repérables au catalogue.

Ils attirent mécaniquement l'oeil car ils ont volontairement abandonné le sticker du Comics Code Authority au profit d'une petite mention alléchante au-dessus de la DC Bullet : "Suggested for mature readers" (qui peut certes équiper quelques comics de super-héros aussi, comme le Green Arrow de Mike Grell, mais c'est marginal pour eux).
On les reconnait à çà, et aussi à une autre caractéristique. Ils sont tous, pour l'essentiel, squattés par les anglais que Karen Berger a importés chez DC tout au long des années 80 pour réinterpréter des personnages hors cadre :
- Grant Morrisson, puis Milligan, puis Jamie Delano sur Animal Man (covers : Brian Bolland)
- Delano puis Milligan sur Hellblazer (covers : Dave McKean)
- Morrisson, encore, qui confirme définitivement le virage adulte de la Doom Patrol
- l'excellent Shade the changing man de Milligan
- Kid Eternity par Grant Morrison et Duncan Fegredo
- le Sandman de Neil Gaiman (covers : Dave McKean) et la superbe MS "Book of magic" conçue avec John Bolton, qui illustre la première partie
- l'autre superbe MS Black Orchid de Gaiman et McKean
(je ne parlerai pas de la matrice originelle ou le pétard originel :-) - Swamp Thing - car Alan Moore l'avait déjà quitté dans la période sur laquelle je fais le focus ici, mais ce sont des américains qui officiaient à ce moment-là sur le titre en tentant du mieux qu'ils pouvaient de suivre ses empreintes...)

Quand Vertigo apparu en 1993, ce fut donc à mes yeux une consécration : enfin, tous ces comics avaient leur bannière, leur étendard, et tous s'y retrouvaient logiquement intégrés.
C'est à ce moment-là que la création de ce label créa, à mon avis, un second souffle : au-delà des titres mensuels et de projets spéciaux en Prestige Format, apparurent une flopée de mini-séries comme le fabuleux Enigma dont tu parles, mais aussi des mini-séries de format très court (les Death) et/ou plus du tout "ghettoïsées" comme auparavant en Prestige Format, et enfin des one-shots (le jouissif "Kill Your Boyfriend" de Morrison par exemple) qu'on ne voyait pas avant.

Anonyme a dit…


Sinon, je garde très précieusement dans ma collection le petit comic introductif qui illustre le début de ton entrée (et d'ailleurs aussi mon propos). Il contient si je me souviens bien une histoire de banane, très bien faite et bien ancrée dans son époque.
Pour moi, ce numéro est l'emblème de cette merveilleuse époque et rien que revoir sa cover, c’est un grand plaisir.

Sinon, la mort de Vertigo était effectivement hélas prévisible.
La déconstruction (processus inverse des origines, du coup, fortement dénoncé, de loin de facto par Karen Berger) qui consiste à retirer les personnages emblématiques de la première heure du label (même si plus exploités dedans), était une manière de couper les racines et d'empêcher la fabuleuse floraison et les boutures passages de relai qui s'étaient succédé depuis 93.

Il faudra un jour que je me penche sur la genèse du lui-aussi défunt imprint "Young animal" en 2016, mais à l'époque, je m'étais dit que si cet imprint apparaissait en récupérant ne serait-ce que les nouvelles incarnations de Shade et de la Doom Patrol, c'est que cela commençait déjà à sentir sérieusement le sapin pour Vertigo...

Philippe Cordier a dit…

Très intéressant, et mon ressenti est proche, d'où ma phrase " Bien des comics d'avant le label aurait mérité d'y être" :)
Ce label fut un coup de génie de Karen Berger & co et DC, pour metre un coup de projo sur des titres existants en effet, et du coup pour en lancer d'autres
Je crois que le jeune que j'étais a d'abord été attiré par le côté "adulte" d'un Sandman, probablement sur conseil de Scarce ou Direct Importation (hey les jeunes, on parle d'avant le net!) puis je constate que ce n'est pas forcément ma came mais que c'est intéressant d'où, hop, coup d'oeil à un autre titre du label ; Shade surement, puis death, et c'est parti...tout ne pas pas passioné chez Vertigo,loin de là, il y avait du prout prout et du grandiose, mais je savais en allant vers lui que j'aurais une vision hors des sentiers battus
Grande idée ce Vertigo, que d'autres tentèrent moins heuresement (Legend!?)
Et dire que là DC va, si j'ai bien compris, juste mettre 3 "tranches d'âges" de comics : gamin, ado, adulte en gros.
Réducteur et artificiel

Anonyme a dit…

Ah bon... Hélas.

Sinon, je vais dans ton sens concernant Shade et l'utilisation potentielle de persos Vertigo. Je pense malheureusement que c'est râpé pour Shade. Rien que l'American Scream des débuts ferait encore plus grincer des dents maintenant...

Moi-aussi, j'adorais le Bachalo de cette époque, et en vrai, ses planches d'alors sont superbes (j'en ai vu deux dans le coin "Expo" de chez Orbital Comics à Londres - un endroit recommandable que tu dois sûrement connaître ;-) - il y a quelques années et cela m'a fait quelques chose...) Je continue à le suivre un peu de temps en temps (son run sur Doctor Strange avec Kevin Nowlan récemment), mais force est de constater que son graphisme a quand pour moi nettement moins d'attrait aujourd'hui...
Mais je suis très nostalgique du bon vieux temps et, il y a déjà longtemps, j'eus la chance de pouvoir lui dire tout le bien que je pensais de ses oeuvres de jeunesse. Il m'avait alors fait un grand sourire car pour lui-aussi, c'était une belle époque...

De beaux souvenirs...

https://framapic.org/Cnwu3E3MIf7m/SHKirndEmWcD.jpg

Philippe Cordier a dit…

J'ai du rencontrer Bachalo à la même époque, vu que mon dessin est quasi le même (faudra que je le scanne à l'occas)
et je lui ai dit la même chose :)
Je me souviens du choc, et de ma consternation, à la découverte de Death II : il venait de changer de style (et, pas un hasard, il partait chez Marvel)
le 1 était géant, avec un style "Shade"
Le 2 était tout autre et en + il ne l'a pas terminé!!

Anonyme a dit…

Je pense que je l'ai rencontré plus tard que toi, car je me souviens que c'était à l'époque de "The Witching Hour", donc probablement en 1999.

Il est donc probable qu'il a une dédicace type de Death, et autant à une certaine époque, je pense que c'était une pratique très discutable, autant aujourd'hui je trouve que ce n'est pas une mauvaise chose, ma foi, car cela freine (un peu) la spéculation autour des oeuvres, au moins dans le giron des dédicaces.

Philippe Cordier a dit…

Il m'a signé la vf de Death sortie en 97 donc selon quelle année il était à Angoulême, c'était surement 98 ou 99

Quant au gigantesque et sensible débat des dédicaces, qui plus est ricaines, je suis entièrement d'accord
Un dessinateur qui ne se fait pas payer peut, voire devrait, faire un dessin très simple, juste pour "marquer le coup" d’une rencontre
Car ca n'est que ça à la base, et c'est énorme : une rencontre. Pas une course folle à qui aura le plus de dessins
J'ai bien plus de souvenirs de rencontres/échanges sans aucune dédicaces qu'avec les première dédicaces demandées, dans ma prime jeunesse, à des auteurs que je ne cherchais pas forcément à connaitre et de qui je voulais juste un dessin, pour le principe (on est cons quand on est jeunes)

Anonyme a dit…

On a donc dû se croiser à Angoulême cette année là. :-)

Totalement d'accord avec toi pour les dédicaces.
Je me souviens que David Lloyd par exemple (pour rester dans la thématique UK), quand je l'ai rencontré, était totalement dans cet état d'esprit. J'ai peut-être le même dessin que 2000 autres personnes mais je m'en fous totalement, car son V "standard" est magnifique, j'adore celui qu'il m'a fait et c'est un excellent "support" pour se projeter et se rappeler du très bon moment de discussion passé avec lui.

Philippe Cordier a dit…

sans compter que ne faisant pas la course aux dessins chacun d'eux prend une valeur décuplée, surtout les premiers
J'ai encore une impression étrange en repensant à la 1ère dédicace obtenue de Romita Jr en 90
Un dessin très rapide, mais d'une telle importance pour moi, d’avoir qque chose fait "exprès" pour moi de la main de qqun que j’admirais, déjà tant
Des gars laissaient des sacs dans des files pour que des potes récupèrent untel parce qu'il était en train de "faire" untel ailleurs...
A gerber, et ça s'est dégradé depuis il me semble

Anonyme a dit…

De mon côté, j'ai l'impression que cela s'est dégradé gentiment, puis méchamment, à partir du début des années 2000.
Vers la fin des années 90, je croisais comme toi des types qui étaient fiers d'aligner sous lutin des kilomètres de dédicaces alors qu'ils ne connaissaient parfois même pas l'oeuvre des artistes. Ils galopaient à tout va tels des aspirateurs, mais c'en était juste à ce stade-là. L'internet a été ensuite très vite un grand facteur d'accélération au début des années 2000, à différents niveaux. L'apparition d'un (véritable) marché de la dédicace, puis son développement, à tel point qu'il représente aujourd'hui plus qu'un sous-compartiment du marché des originaux (au moins aux USA) ont engendrés des choses surprenantes mais logiques (je pense aux blank covers, aux certifications d'originaux, etc...) et des choses épouvantables par ailleurs. Quand on voit maintenant des artistes comme ceux qui ne font que quelques dessins, parfois préparés à l'avance, pour les conv car ils le sentent comme çà, obligés parfois de mettre en place des stratégies pour éviter d'être pillés avant l'ouverture de la conv par les marchands en stand sur place, et faire plaisir ainsi aux vrais fans, c'est un véritable enfer. Et que dire d'un incubateur (je le vois comme çà) comme le Lake Como Comic Art Festival, à l'élitisme annonciateur d'une tendance de fond qui va à mon avis à l'encontre de la simplicité, de l'ouverture et de la vrai rencontre auteur/lecteur... Je m'arrête là avant de déborder et de passer pour un vieux c... aux yeux de certains.

Philippe Cordier a dit…

trop tard, mais je partage :)
Je pense à une anecdote, d'au moins 20 ans : sur un festival us un dessinateur a vu que des gars se faisait faire une dédicace, gratos, puis allaient sur le stand multimedia de je ne sais quoi, sur le même salon, pour scanner et mettre sur ebay!!!!!!!

Anonyme a dit…

Et oui, aujourd'hui, les marchands sont équipés comme tout un chacun pour faire tout directement sur place juste avant l'ouverture de la conv. Wi-fi ou portable. C'est le progrès, ma bonne dame !

Philippe Cordier a dit…

et nous sommes des ringards plein de vieux principes désuets :)

Fred a dit…

J ai également rencontré Bachalo à Angoulème. Il était ravi de me dédicacer à l'encre métallisé le premier fascicule u.s de la première série Death. Un numéro un peu chiffonné à force d'avoir lu, relu et prêté.
La deuxième série est décevante. Le dessin de Bachalo est précis, minutieux mais manque de folie et d'inspiration. Le dessinateur travaille sur un épisode et demi et laisse son encreur finir le reste de l histoire.
Je me rappelle que cette année Panini déboule en force Sur les stands d'Angoulème.

Philippe Cordier a dit…

on devait être tous les trois en file indienne devant lui :)

Anonyme a dit…

Excellent !!! LOL